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  • il y a 2 ans

Souvenez-vous du Tamiflu® !

Apostille N°32

Impossible d’ignorer l’annonce : une étude parfaitement conduite au plan méthodologique (sous-entendu  ou souvent clairement exprimé : "contrairement à l’étude du professeur Raoult sur l’hydroxychloroquine") montre que le tocilizumab améliore significativement le pronostic des patients atteints par le SRAS-CoV-19 et présentant une pneumonie moyenne ou sévère. Le tocilizumab est un anticorps monoclonal possédant une action immunosuppressive par blocage de la fixation de l’interleukine-6 sur ses récepteurs. Les indications de l’AMM sont la polyarthrite rhumatoïde et le syndrome de relargage des cytokines. Il permettrait de lutter efficacement contre la "tempête de cytokines" déclenchée par le coronavirus. Administré à l’hôpital par voie intraveineuse, ce médicament onéreux expose à des effets indésirables sérieux qui sont passés sous silence. Le tocilizumab est commercialisé en France depuis 2009 par la firme Roche sous le nom commercial RoActemra®. A propos de 2009, de pandémie et de la firme Roche, il peut être utile de rappeler quelques faits. En 2009, des milliards de dollars (des centaines de millions d’euros pour la France) ont été dépensés à travers le monde pour constituer des stocks d’oseltamivir (Tamiflu® des laboratoires Roche) en prévision d’une pandémie de grippe liée au virus Influenza A H1N1. L’oseltamivir, antiviral de la famille des inhibiteurs de la neuraminidase, était présenté par l’OMS et "les experts" comme un médicament essentiel pour la prévention et le traitement de cette grippe, ayant le pouvoir de réduire aussi bien la durée des symptômes que les complications. En France, les recommandations du Directeur Général de la Santé (DGS) Didier Houssin, concernant la prescription de l’oseltamivir qui prirent effet le 10 décembre 2009, étaient les suivantes : « La prescription du traitement antiviral est systématique chez le patient présentant une grippe clinique. Le prélèvement naso-pharyngé à visée diagnostique préalablement à la mise sous traitement antiviral curatif n’est pas systématique. Ces produits seront délivrés gratuitement en officine, uniquement sur prescription médicale ». Dans une lettre ouverte au DGS, datée du 16 décembre 2009, le Formindep (Association pour une information médicale indépendante) dénonça ces recommandations : « Vous précisez que ces recommandations nous sont faites « sur proposition des experts ». Or ces recommandations sont en contradiction avec les données scientifiques fiables actuellement portées à notre connaissance. […] L’oseltamivir n’a jamais démontré aucun effet sur la diminution de la mortalité ni le taux d’hospitalisation des personnes atteintes d’un syndrome grippal à l’exception d’une méta-analyse entièrement contrôlée par le laboratoire Roche commercialisant le Tamiflu®, dont les données brutes sont inaccessibles, et dont les résultats qui font polémique sont largement remis en cause par le British Medical Journal (BMJ) du 12 décembre et les membres de la Collaboration Cochrane. […]. Concernant le fait que des experts puissent être à l’origine de ces recommandations, nous vous rappelons que l’avis d’expert est reconnu par l’ensemble de la communauté médicale internationale comme le plus faible niveau de preuve pour apprécier la validité d’une information médicale. […] Enfin les experts auxquels vous faites référence n’étant pas identifiés, nous vous demandons communication de leur identité et de leurs déclarations publiques d’intérêts ainsi que l’exige la loi ». Il s’est en effet avéré que le principal bénéfice du Tamiflu® était de réduire de 24 heures la durée des symptômes de la grippe saisonnière ! En 2012 la Collaboration Cochrane, spécialisée dans la méta-analyse des essais cliniques, et le British Medical Journal ont révélé le très faible niveau de preuve d’efficacité du Tamiflu®. Ils ont également dénoncé le manque de transparence du laboratoire Roche, confirmé par l’Agence européenne du médicament, ainsi que la rétention de nombreuses informations relatives aux essais cliniques sur le Tamiflu®.  Certaines études soutenant l’efficacité du Tamiflu® ne prenaient en compte que les données fournies par le laboratoire. Or le "biais de publication", qui consiste à ne publier que les résultats positifs (pour le laboratoire) des essais cliniques et à dissimuler les résultats négatifs (pour les patients), est l’un des biais les plus importants en matière d’essais cliniques. Des conflits d’intérêt entre des experts de l’OMS et le laboratoire Roche ont également été révélés. Dans une lettre au BMJ, Rokuro Hama, chef de l’Institut de Pharmacovigilance du Japon,  déclara : « Le Tamiflu® n’est pas seulement inefficace, il est également dangereux : voilà le problème ».  Dans cette lettre Rokuro Hama, énuméra les effets indésirables graves du Tamiflu®, notamment des troubles psychiatriques graves (suicide par défenestration d’adolescents) et des cas d’aggravation du pronostic vital en cas d’hyperstimulation du système immunitaire avec production massive de cytokines. Rokuro Hama signala également d’autres effets potentiellement létaux comme un risque accru de dépression respiratoire au cours du sommeil chez les obèses. Face à la balance bénéfices/risques défavorable du Tamiflu®, l’OMS retira ce médicament de la liste des médicaments essentiels le 6 juin 2017. Ce petit rappel devrait inciter les experts à mieux déclarer leurs conflits d’intérêt et les thuriféraires des essais « méthodologiquement irréprochables » et de la « médecine basée sur les preuves » à un peu plus de pondération. Pardon : de l’« evidence-based medicine », ça fait quand même plus sérieux lorsqu’on le dit en anglais.  Dr. Patrick Barriot IEFSanté

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