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  • il y a 2 ans

Le glyphosate dans la vraie vie !

Le glyphosate est un herbicide total produit par la firme Monsanto à partir de 1974 sous la marque Roundup. Le groupe pharmaceutique et agrochimique allemand Bayer a racheté Monsanto en 2018. Le glyphosate est l'herbicide le plus utilisé dans le monde (8 000 tonnes par an en France) pour le désherbage agricole mais aussi pour l'entretien des espaces. L’adoption massive des semences génétiquement modifiées pour tolérer le glyphosate a largement contribué au succès commercial mondial de cet herbicide. L'Union européenne a renouvelé son homologation jusqu'en 2022.

 

La question de la toxicité du glyphosate, notamment pour les agriculteurs exposés aux pulvérisations, est débattue depuis les années 1980. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS a classé en mars 2015 le glyphosate dans la catégorie 2A, c'est-à-dire des cancérigènes probables pour l’homme. Il existe une présomption significative de lien entre l'exposition professionnelle au glyphosate et le développement de lymphomes non hodgkiniens (lymphomes diffus à grandes cellules B). Le 27 mars 2019, un tribunal fédéral américain a condamné Monsanto à verser 81 millions de dollars (72 millions d’euros) à un malade touché par un lymphome non hodgkinien alors qu’il avait utilisé le glyphosate pendant près de trois décennies. Les jurés ont estimé que l’herbicide avait joué un « rôle substantiel » dans le déclenchement de la maladie du plaignant. Par ailleurs Monsanto a été mis en cause pour défaut d’information sur les risques liés à l’utilisation du glyphosate. En France les plaintes s’accumulent pour « mise en danger de la vie d’autrui » et une opération d’analyse des taux de glyphosate dans l’urine est menée par l’association Campagne glyphosate.

À l'opposé, de nombreuses agences de sécurité sanitaire dans le monde, comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), estiment que les preuves ne sont pas réunies pour classer le glyphosate comme cancérogène. Cette divergence d'évaluation a engendré une crise de confiance vis-à-vis de l'expertise de ces agences, crise entretenue par les nombreux conflits d’intérêts révélés parmi les experts. Un rapport français de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), dont l’objectif est d’éclairer le Parlement sur l'indépendance et l'objectivité des évaluations, vient d’être publié ce jeudi 16 mai 2019. Ce rapport ne se prononce pas sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate, mais il analyse notamment le travail des agences d'évaluation sanitaire. Force est de constater que les systèmes existants ne permettent pas d’évaluer les effets à long terme des produits phytosanitaires ou l'effet cocktail de plusieurs substances de ce type.

Les méthodes de surveillance continue des effets sanitaires de ces produits ''dans la vraie vie'' sont à l’évidence insuffisamment développées et financées. Ce dossier rejoint celui des perturbateurs endocriniens et des polluants environnementaux dont nous aurons l’occasion de parler prochainement.

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